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le blog des amis de la médiathèque de Sains-du-Nord
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6 février 2011

Philippe Sturbelle

 

  PSturbellem_diatjanvier2011_013 Très intéressante après-midi à la médiathèque ce vendredi : Philippe Sturbelle, l'auteur de polars, comédien, producteur de théâtre, photographe, etc., a terminé son séjour avesnois par une rencontre avec une bonne vingtaine de personnes qui il a pu évoquer ses souvenirs d'enfance, à qui il a raconté des anecdotes vécues au cours de ses spectacles de rue en Pologne, en Russie, à New York. Notre maire, Christine Basquin, lui a remis la médaille de la ville et ce moment fort pour tous a été suivi du pot de l'amitié particulièrement bien nommé en cette occasion.

   Mais aussi, et c'est ici ce qui nous importe le plus, à nous bibliophiles, - pour le reste, rapprochez-vous de la presse locale - ,  nous avons fait connaissance avec l'œuvre de Philippe Sturbelle : trois romans policiers dans la collection Polars en Nord, dirigée par Gilles Guillon chez Ravet-Anceau, Vacances picardes, Dernier bal au Crotoy et Rendez-vous au blockhaus de Bihen. Trois polars noirs, parfois gore ; écrits avec un ton inimitable, passant du romantique* au terre à terre** sur la même page et venant au lyrique*** quelques lignes plus loin ; nous emmenant dans les méandres d'une intrigue aux situations surréalistes et désopilantes.

   C'est noir, mais jubilatoire : des personnages bien campés, aux traits de caractère outrés, tiennent des dixcours improbables : "Ma hutte, c'est mon tombeau et mon berceau, dit-elle. J'adore les déclins rouge orangé du ciel, l'approche des nuits noires ou étoilées qui me recroquevillent dans ma solitude aquatique et la réapparition du petit matin. Je vibre dans l'enfermement nocturne quand la mitraille se déchaîne,. Je sens l'enterrement à mes pieds, le toit de cette cabane au-dessus de ma tête comme le couvercle de mon cercueil et entre les deux, cette brutale nécessité de vie qui ne peut s'exprimer que dans le déchargement de mon fusil. Je m'effraie de ma fragile habitation sous-marine, du voisinage de ces chasseurs rudes qui sentent le sang et l'humidité, veillant, buvant, riant dans les huttes alentour.Tous savent que jesuis seule, que je bois de champagne et qu'il n'y a qu'une porte d'accès. Parfois je crois ressentir leur fantasme et je me mets à trembler comme une jeune fille. J'ai soudainement peur, coomme quand, petite, mon père me demandait d'aller chercher du vin dans les caves obscure du château. Cette peur me rajeunit. Puis elle disparaît dans le clapotis de l'eau ou le battement soudain des ailes des canards sauvages. Les jours de grande marée, quand tout le bassin est envahi d'eau et que les huttes se soulèvent et forment une cité lacustre, je suis la Vénus de Botticelli sortant de sa coquille, découvrant son palais fier et opulent sur la lagune et épiant les migrateurs qui s'en vont avec ampleur vers les lointains tropiques. J'avale toute l'immensité du monde et les minutes s'immortalisent en moi. Ma hutte m'éloigne du temps et m'empêche de vieillir, je tue pour rester en vie. Je sais que c'est blâmable, mais je m'en contrefous. Dans l'ordre des choses blâmable, il y a des choses bien plus horribles et qui s'exhibent en toute impunité."

   Mais oui ! Vous êtes bien dans un roman policier. Le livre refermé, hormis le regret d'avoir déjà fini, il reste une impression de rêve/cauchemar échevelé, haut en couleurs et jouissif.

    Vacances picardes se passe à Nouvion-en-Ponthieu, près du Crotoy, mais c'est le village de Sains-du-Nord qui y est transposé et l'auteur nous emmène dans nos rues, témoins d'une succession de crimes. Cet ouvrage, épuisé actuellement, va être réédité et joint aux numéros  de la Voix-du-Nord au début du mois d'avril. Ne le ratez pas, vous pourrez ensuite lire la suite, Rendez-vous au blockhaus de Bihen.

   Merci à Philippe Sturbelle. Nous le reverrons courant avril pour de nouvelles dédicaces. Hélas, j'ai oublié de lui demander s'il avait un nouveau polar sur le feu ! 

 

   * "Je regarde la mer, bleue, violette, verte. Je voudrais m'y plonger, rejoindre quelque sirène découvrir le dessous des vagues. Je regarde le soleil, rouge, orange, qui freine sa course pour se laisser photographier, filmer, numériser et flatter d'extases pâmées."

   ** "- Vaut mieux être le boucher que l'veau, dit l'une d'elles.
- Excusez-moi, je peux vous demander de répéter ce que vous venez de dire, je ne suis pas sûr d'avoir bien entendu.
- Vaut mieux être le boucher que l'veau, ? C'est ça ?
- Oui, merci, mesdames, merci beaucoup.
- Mais de quoi ?
- De cette phrase.
- Y'a pas de quoi, si c'est qu'ça, vous êtes pas trop difficile.
- Au revoir mesdames.
- Au revoir, m'sieur, une bonne soirée.
Veau ! Voilà, je me sens veau, ..." 

   *** "... Je me sens hors du temps entre le confort d'un monde ancien et le sentiment d'un danger à l'affût.
   Et je t'attends. Je ne te connais pas, mais je veux deviner ta présence. Ne tarde pas, mon amour inconnu." 

   Le matin, Philippe Sturbelle était au collège Rostand pour trois rencontres avec les élèves, matinée organisée par Madame Lemire, professeur de français.

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